Oui, on peut défendre la biodiversité tout en ayant un chat, mais cela demande conscience et responsabilité. La question n’est pas binaire mais nuancée.
Les chats domestiques ont un impact réel sur la faune sauvage, principalement sur les petits mammifères (66% des proies) et les oiseaux (22%). Leur impact varie fortement selon qu’ils soient errants ou domestiques, et selon les contextes géographiques – catastrophique dans les milieux insulaires comme l’Australie, mais plus modéré dans les écosystèmes continentaux comme la France. Des solutions concrètes existent pour les propriétaires soucieux de l’environnement : limiter les sorties, utiliser des colliers à clochettes, stériliser son animal, et proposer des jeux stimulants à la maison.
Le dilemme entre aimer son chat et protéger la nature n’est pas insoluble. Voici comment trouver l’équilibre.
L’impact réel des chats sur la biodiversité : entre mythe et réalité scientifique
Quand j’ai commencé mes études vétérinaires, je pensais que l’impact des chats sur la biodiversité était largement exagéré. Les données scientifiques m’ont fait changer d’avis. Les chats domestiques sont des prédateurs redoutables dont l’influence sur les écosystèmes varie selon de nombreux facteurs.
Le saviez-vous ? Une étude publiée dans Nature en 2013 a estimé que les chats seraient responsables de la mort de 1,3 à 4 milliards d’oiseaux et 6,3 à 22,3 milliards de petits mammifères annuellement à l’échelle mondiale. Ces chiffres impressionnants méritent d’être CONTEXTUALISÉS selon les territoires et les types de chats.

Contexte | Chats domestiques | Chats errants |
---|---|---|
France (milieu continental) | Impact modéré : prédation principalement de rongeurs (68% des proies), contribution limitée au déclin des oiseaux par rapport à d’autres facteurs | Impact significatif : prédation plus intensive, risque d’hybridation avec le chat forestier (espèce protégée) |
Zones insulaires (Australie, Hawaï) | Impact notable même avec surveillance : prédation d’espèces sans défense évolutive contre les félins | Impact désastreux : responsables d’extinctions massives d’espèces endémiques, considérés comme espèce invasive |
Zones urbaines | Impact concentré : forte densité de chats sur territoires restreints augmentant la pression sur la faune locale | Colonies importantes créant des « déserts écologiques » pour certaines espèces proies |
La situation varie donc fortement selon le contexte. Dans mon blog, j’ai souvent partagé l’histoire de Mitaine, une chatte de ma clinique qui, malgré une alimentation parfaite, ramenait au quotidien des mulots à sa propriétaire. Cette anecdote illustre une réalité : même bien nourris, les chats chassent par instinct, pas par faim.
La question n’est pas si simple que « chats = menace ». Dans les écosystèmes équilibrés comme nos campagnes françaises, les chats participent au contrôle des populations de rongeurs, remplissant un rôle écologique. Leur impact devient problématique lorsque :
- Ils sont introduits dans des milieux où la faune n’a pas évolué avec des prédateurs similaires
- Leur densité dépasse largement celle des félins sauvages dans un écosystème naturel
- Ils s’attaquent à des espèces déjà fragilisées par d’autres pressions humaines
Le problème s’aggrave avec les chats errants, dont le nombre égale celui des chats domestiques. Sans surveillance humaine, leur impact écologique s’intensifie fortement.
Vidéos
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Solutions pratiques pour réduire l’empreinte écologique de votre chat
Maintenant que nous comprenons mieux l’impact de nos amis félins sur la biodiversité, passons aux actions concrètes. Chaque propriétaire peut faire une différence significative avec quelques ajustements dans sa manière de vivre avec son chat.

Durant mes années de pratique et sur mon blog, j’ai pu tester et recommander diverses approches. Voici les plus efficaces, classées par facilité de mise en œuvre :
- Mesures immédiates et faciles
- Équiper votre chat d’un collier à clochette : alerte les proies potentielles
- Limiter les sorties aux heures où les oiseaux sont moins actifs (éviter l’aube et le crépuscule)
- Placer les mangeoires à oiseaux en hauteur et loin des zones de cachette pour chats
- Nourrir votre chat adéquatement : un chat rassasié chasse moins (mais continue de chasser par instinct)
- Aménagements modérés
- Créer un espace extérieur sécurisé (catio) : permet à votre chat de profiter de l’extérieur sans accès à la faune sauvage 😺
- Enrichir l’environnement intérieur : arbres à chat, jouets interactifs, parcours vertical
- installer des barrières anti-prédateurs autour des nichoirs et zones sensibles
- adapter les horaires de sortie selon les périodes de reproduction des oiseaux locaux
- Changements plus importants
- Opter pour un mode de vie 100% intérieur pour votre chat : solution optimale pour la biodiversité
- stériliser systématiquement : limite la population féline et réduit les comportements territoriaux
- participer aux programmes de recensement des prises de votre chat pour contribuer aux données scientifiques
- soutenir les initiatives locales de gestion des populations de chats errants
La solution idéale varie selon votre contexte. Dans ma clinique à Neuilly, j’observe que les propriétaires en appartement optent plus facilement pour un chat d’intérieur, tandis que ceux vivant en maison trouvent un compromis avec des sorties surveillées ou des espaces sécurisés.
L’essentiel est de prendre conscience que nos choix individuels ont un impact collectif. Un propriétaire responsable peut parfaitement concilier son amour des chats avec son engagement pour la biodiversité.