La récente controverse autour du comté met en lumière les tensions entre tradition fromagère et préoccupations environnementales. Pierre Rigaux, militant écologiste, appelle au boycott de ce fromage emblématique en raison de la pollution des cours d’eau causée par les déjections bovines et la maltraitance animale présumée dans cette filière. Face à cette position, les producteurs francs-comtois défendent leur patrimoine gastronomique et leur économie locale, certains affirmant que « le comté est une garantie de survie ». Les Écologistes, représentés par Marine Tondelier, précisent qu’ils ne souhaitent pas interdire le produit mais plutôt améliorer les pratiques d’élevage et renforcer le cahier des charges AOP.
Ce débat illustre parfaitement la difficile conciliation entre préservation des traditions culinaires françaises et nécessité de protéger l’environnement. Vous êtes-vous déjà demandé quel était l’impact réel de votre morceau de comté sur les écosystèmes jurassiens ?

Comprendre la controverse autour du comté et son impact environnemental
La polémique a éclaté en avril 2025 lorsque Pierre Rigaux, écologue-naturaliste reconnu, a lancé un appel médiatisé à « arrêter de manger du comté » sur France Inter. Ses déclarations ont immédiatement divisé l’opinion publique. D’un côté, les défenseurs de l’environnement soutiennent que la production intensive de ce fromage contribue à la dégradation des écosystèmes jurassiens. De l’autre, les amateurs et producteurs de comté AOP considèrent cette position comme une attaque injustifiée contre un patrimoine gastronomique séculaire qui fait vivre des milliers de familles dans la région.
Les arguments écologiques contre la production du comté
Pierre Rigaux a développé plusieurs arguments contre la production actuelle du comté qui méritent notre attention. Sa critique s’articule autour de points précis qui soulèvent des questions légitimes sur l’impact environnemental de cette filière fromagère.
- Pollution des cours d’eau : contamination des rivières comme la Loue par les nitrates et phosphates provenant des déjections bovines
- Dégradation des écosystèmes aquatiques : diminution significative des populations de poissons constatée par des gardes-pêche comme Patrice Malavaux
- Maltraitance animale : conditions d’élevage des vaches montbéliardes jugées problématiques
- Sort des veaux mâles : devenir des jeunes bovins non utilisés pour la production laitière
- Intensification des pratiques : évolution des méthodes d’élevage vers des modèles moins respectueux du bien-être animal
Impact de l’élevage bovin sur les cours d’eau et les écosystèmes du Jura
Les déjections des vaches laitières utilisées pour la production du comté ont des conséquences mesurables sur l’environnement jurassien. L’augmentation des niveaux d’azote et de phosphore dans les sols se traduit par un lessivage vers les rivières lors des pluies, provoquant une eutrophisation qui asphyxie peu à peu la vie aquatique. Les témoignages des pêcheurs locaux sont alarmants : ils observent une raréfaction des espèces piscicoles autrefois abondantes dans les cours d’eau de la région.
Le comté : patrimoine culturel et économique pour la région

Le fromage comté représente bien plus qu’un simple produit alimentaire pour les habitants du Jura, du Doubs et de l’Ain. Cette production fromage ancestrale structure l’économie locale et façonne les paysages depuis des siècles. Les défenseurs du comté soulignent l’importance de préserver ce patrimoine vivant.
Bénéfices économiques | Enjeux environnementaux |
---|---|
30 emplois par fromagerie en moyenne | Pollution des cours d’eau par les nitrates |
2500 exploitations agricoles concernées | Dégradation des écosystèmes aquatiques |
Tourisme gastronomique important | Émissions de méthane des bovins |
Maintien de l’agriculture en zone montagneuse | Utilisation intensive des prairies |
Valorisation d’un savoir-faire ancestral | Consommation d’eau pour la production |
Position des Écologistes : amélioration plutôt qu’interdiction
Contrairement à ce que pourrait laisser penser la controverse initiale, la plupart des représentants écologistes ne militent pas pour une interdiction totale du comté. Ils reconnaissent la valeur de ce patrimoine tout en appelant à des changements significatifs. Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, a clarifié cette position en affirmant que l’objectif n’est pas de faire disparaître le comté mais d’améliorer drastiquement ses conditions de production.
Les militants écologistes de Franche-Comté proposent un renforcement des normes AOP pour garantir des pratiques plus respectueuses de l’environnement. Leur approche vise à concilier préservation du patrimoine gastronomique et protection des écosystèmes locaux, deux valeurs qui ne devraient pas s’opposer mais se compléter.

Réactions des producteurs et des institutions locales
La controverse a suscité des réactions vives et variées parmi les acteurs concernés. Chacun défend sa vision de l’avenir du comté avec passion et conviction.
- Pierrick Monnet, producteur : « le comté est une garantie de survie pour nous » – souligne la dépendance économique des agriculteurs locaux
- Samuel Pertreux, éleveur : défend la tradition et l’importance économique du comté pour maintenir l’activité dans les zones rurales
- Préfecture du Jura : publication d’un communiqué défendant le comté comme produit local respectueux de l’environnement
- Danielle Brulebois, députée : qualifie le comté de « meilleur fromage du monde » et critique les positions écologistes
- Michel Foltete, Président de l’Union agricole comtoise : reconnaît une part de responsabilité dans la pollution des rivières
- Hashtag #TouchePasAuComté : mobilisation spontanée sur les réseaux sociaux pour défendre le fromage emblématique
Solutions pour une production de comté plus durable
Au lieu d’une opposition stérile, plusieurs voix s’élèvent pour proposer des améliorations concrètes aux pratiques actuelles. La transition vers une production fromagère plus durable passe par des changements progressifs mais significatifs. Les pratiques agroécologiques offrent des pistes prometteuses pour réduire l’impact environnemental sans compromettre la qualité du fromage ni la viabilité économique des exploitations.
L’adoption de méthodes comme la gestion des effluents avec des systèmes de filtration naturelle, la limitation du nombre de vaches par hectare, ou encore l’amélioration des installations de stockage des déjections permettrait de réduire fortement la pollution des cours d’eau. Ces solutions existent déjà et sont appliquées avec succès par certains producteurs pionniers.

Bien-être animal dans la filière fromagère : enjeux et préoccupations
Au-delà des questions environnementales, la condition des vaches laitières dans la filière comté soulève des interrogations éthiques. Si le cahier des charges AOP impose déjà certaines normes comme l’accès au pâturage pendant une partie de l’année, des militants comme Pierre Rigaux estiment que ces mesures restent insuffisantes pour garantir un véritable bien-être animal.
Parmi les problématiques évoquées figure le sort des veaux mâles, considérés comme des sous-produits de l’industrie laitière. Ces jeunes bovins, qui ne produiront jamais de lait, sont souvent vendus pour l’engraissement intensif ou l’abattage précoce. Cette réalité peu connue du grand public contraste avec l’image bucolique souvent associée à la production de fromage.
La question du respect des cycles naturels des vaches est également soulevée, notamment concernant la fréquence des vêlages et la séparation précoce entre la mère et son veau. Ces pratiques standard dans l’industrie laitière sont de plus en plus questionnées par une partie des consommateurs sensibles au bien-être animal.
Vers un renforcement du cahier des charges AOP pour protéger l’environnement
Le label AOP (Appellation d’Origine Protégée) du comté garantit actuellement certaines pratiques classiques comme l’alimentation des vaches à base d’herbe et de foin, l’interdiction des OGM ou la limitation de la production. Néanmoins, ces exigences pourraient être complétées par des critères environnementaux plus stricts.
Un RENFORCEMENT du cahier des charges pourrait inclure des limites plus précises concernant la densité d’élevage, des obligations de zones tampons entre les pâturages et les cours d’eau, ou encore des normes plus strictes pour la gestion des effluents. Michel Foltete, président de l’Union agricole comtoise, a lui-même reconnu qu’une évolution était nécessaire pour préserver la réputation du comté et garantir sa pérennité face aux défis environnementaux actuels.

Comment soutenir une consommation responsable de fromages traditionnels
Les consommateurs ont un rôle majeur à jouer dans l’évolution des pratiques. En tant qu’amateurs de fromages traditionnels, nous pouvons orienter nos choix vers des producteurs engagés dans une démarche de qualité environnementale. 🧀 Privilégier les comtés fermiers ou issus de petites fruitières respectueuses de l’environnement permet d’encourager les bonnes pratiques tout en savourant un produit d’exception.
La modération dans notre consommation représente également une approche équilibrée. Plutôt que de boycotter complètement le comté, nous pouvons choisir de le consommer moins mais mieux, en sélectionnant des produits de qualité supérieure issus de filières responsables. Cette démarche permet de soutenir les producteurs engagés dans une transition vers des pratiques plus durables.
Les visites à la ferme et la rencontre directe avec les producteurs constituent une excellente façon de comprendre les enjeux et de soutenir ceux qui s’engagent pour l’environnement. Ces échanges permettent de créer un lien de confiance et de valoriser les initiatives positives qui méritent notre soutien.