Le 11 août 2025, la centrale nucléaire de Gravelines, plus grande installation de ce type en Europe occidentale, a été contrainte d’arrêter ses quatre réacteurs en fonctionnement suite à une invasion massive et imprévisible de méduses dans ses systèmes de refroidissement. Les réacteurs n°2, 3, 4 et 6 se sont arrêtés automatiquement entre dimanche soir 23h et lundi matin 6h20, rejoignant les unités 1 et 5 déjà en maintenance, paralysant complètement la production de cette centrale de 5,5 gigawatts. EDF assure qu’aucun risque pour la sûreté des installations, la sécurité du personnel ou l’environnement n’est à déplorer, et que l’approvisionnement électrique national n’est pas menacé grâce aux autres sources d’énergie disponibles.
Ce phénomène surprenant illustre parfaitement comment la nature peut perturber nos installations les plus sophistiquées, transformant d’innocentes créatures gélatineuses en véritables défis techniques pour l’industrie nucléaire.
Pourquoi les méduses posent-elles problème aux centrales nucléaires
Les méduses représentent un défi technique majeur pour les centrales nucléaires côtières en raison de leur nature gélatineuse qui leur permet de franchir les premiers systèmes de filtration. Leur corps mou et flexible peut se déformer pour passer à travers des mailles relativement fines, avant de retrouver leur forme originale et de bloquer les tambours filtrants plus fins situés en aval du système de pompage.
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Le système de refroidissement des centrales nucléaires côtières
Cette capacité d’infiltration des méduses s’explique par le fonctionnement même des systèmes de refroidissement des centrales situées en bord de mer. Les centrales nucléaires côtières comme Gravelines utilisent l’eau de mer pour refroidir leurs réacteurs, pompant directement dans l’océan via des stations de pompage équipées de plusieurs niveaux de filtration. L’eau de mer passe d’abord par des grilles grossières, puis par des tambours filtrants plus fins, avant d’être acheminée vers les circuits de refroidissement des réacteurs.
L’invasion de méduses à Gravelines : chronologie des événements
Comprendre le déroulement précis de cette invasion permet de saisir l’ampleur du phénomène qui a paralysé Gravelines. Le dimanche 10 août en soirée, une présence massive et non prévisible de méduses a commencé à affecter les stations de pompage de la centrale. Entre 23h et minuit, les réacteurs n°2, 3 et 4 se sont arrêtés automatiquement, leurs systèmes de sécurité détectant l’obstruction des tambours filtrants. Le lundi 11 août à 6h20, le réacteur n°6 a subi le même sort, achevant la paralysie complète de la production électrique du site. Les équipes d’EDF ont immédiatement mobilisé leurs spécialistes pour diagnostiquer la situation et planifier les interventions nécessaires au redémarrage.
Impact des méduses sur les tambours filtrants et stations de pompage
L’obstruction causée par les méduses dans les tambours filtrants crée un véritable embouteillage dans le système de refroidissement. Ces créatures gélatineuses, une fois coincées dans les mailles fines des filtres, forment une masse compacte qui réduit drastiquement le débit d’eau nécessaire au refroidissement des réacteurs. Cette situation déclenche automatiquement les systèmes de sécurité, car un refroidissement insuffisant pourrait compromettre le bon fonctionnement du réacteur. Les stations de pompage de Gravelines, conçues pour traiter des millions de litres d’eau de mer par heure, se retrouvent ainsi paralysées par ces organismes marins de quelques centimètres.

Mesures de sécurité et arrêts automatiques des réacteurs
Les systèmes de sécurité des réacteurs nucléaires sont conçus pour réagir immédiatement à toute anomalie dans le refroidissement. Dès que les capteurs détectent une baisse du débit d’eau ou une température anormale, l’arrêt automatique se déclenche sans intervention humaine. Cette procédure, appelée SCRAM, permet d’arrêter la réaction nucléaire en quelques secondes en insérant les barres de contrôle dans le cœur du réacteur. À Gravelines, cette sécurité passive a parfaitement fonctionné, protégeant les installations contre tout risque de surchauffe malgré l’invasion de méduses.
Conséquences sur la production électrique française
L’arrêt complet de Gravelines représente une perte temporaire de 5,5 gigawatts de puissance, soit environ 8% de la capacité nucléaire française. Cette centrale, qui alimente normalement plusieurs millions de foyers, voit sa production compensée par d’autres centrales nucléaires en fonctionnement et les sources d’énergie renouvelables. RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité, a rapidement activé ses mécanismes de compensation pour éviter toute pénurie d’approvisionnement. L’interconnexion du réseau électrique européen permet également d’importer de l’électricité des pays voisins si nécessaire. Les équipes d’EDF travaillent sur un redémarrage progressif des unités, prévu pour s’étaler sur plusieurs jours afin de garantir la sécurité des opérations.
Autres incidents similaires dans le monde
L’incident de Gravelines n’est malheureusement pas isolé dans l’histoire des centrales nucléaires mondiales. Voici les principaux cas recensés d’arrêts dus aux méduses :
- États-Unis : plusieurs incidents dans les années 2010, notamment à la centrale de Diablo Canyon en Californie
- Écosse : arrêts récurrents de la centrale de Torness dans les années 2010
- Suède : incidents répétés à la centrale d’Oskarshamn
- Japon : plusieurs cas documentés sur les côtes japonaises
- France : précédent à Paluel en janvier 2021 avec des poissons dans les stations de pompage
Ces incidents révèlent une problématique mondiale qui touche toutes les centrales côtières, indépendamment de leur technologie ou de leur localisation géographique.
Facteurs environnementaux favorisant la prolifération des méduses
La multiplication des incidents impliquant des méduses s’explique par plusieurs facteurs environnementaux convergents. Le réchauffement climatique modifie la température des océans, créant des conditions plus favorables à la reproduction de ces organismes marins. La surpêche élimine leurs prédateurs naturels, permettant aux populations de méduses de croître sans régulation naturelle 🌊. Les modifications des courants marins, liées aux changements climatiques, concentrent parfois ces créatures en MASSES importantes près des côtes, augmentant les risques d’obstruction des systèmes de pompage des centrales nucléaires.
Solutions techniques pour prévenir ces incidents futurs
Face à cette problématique récurrente, plusieurs solutions techniques sont à l’étude pour protéger les centrales nucléaires côtières. L’installation de systèmes de filtration plus sophistiqués, avec des mailles adaptatives capables de s’ajuster selon la taille des organismes détectés, représente une piste prometteuse. Le développement de systèmes d’alerte précoce utilisant des capteurs sous-marins pourrait permettre de détecter l’approche de bancs de méduses et d’adapter en conséquence le fonctionnement des stations de pompage. L’amélioration des procédures de nettoyage des tambours filtrants, avec des systèmes automatisés de décolmatage, constitue également une voie d’amélioration technique.
Gestion de la faune marine autour des installations nucléaires
La cohabitation entre les installations nucléaires et la faune marine nécessite une approche globale de gestion environnementale. Les exploitants comme EDF développent des programmes de surveillance biologique pour mieux comprendre les cycles de vie des espèces locales et anticiper leurs mouvements. Cette démarche préventive permet d’adapter les procédures opérationnelles aux contraintes naturelles, transformant un défi technique en opportunité d’amélioration de la coexistence entre industrie et biodiversité marine.





