Le refus d’accès aux personnes accompagnées de chiens guides d’aveugles dans les établissements est illégal et passible d’une amende allant jusqu’à 450 € pour les particuliers et 2250 € pour les personnes morales.
En France, la loi garantit clairement l’accès des chiens guides dans tous les lieux ouverts au public depuis 1987, un droit renforcé par la loi de 2005 sur l’égalité des droits des personnes handicapées. Malgré cela, 245 cas de refus d’accès ont été signalés en 2024, touchant principalement les commerces, restaurants, transports et établissements de santé. Ces refus sont considérés comme des actes discriminatoires pouvant être poursuivis pénalement, comme l’a confirmé le Tribunal correctionnel de Marseille dans une décision récente. Face à un refus, les personnes concernées peuvent documenter l’incident, saisir le Défenseur des droits, porter plainte et contacter les associations spécialisées comme la FFAC (Fédération Française des Associations de Chiens guides) ou l’ANM Chiens Guides.
Les témoignages recueillis révèlent l’impact considérable de ces refus sur l’autonomie et la dignité des personnes déficientes visuelles, justifiant la mobilisation actuelle pour faire évoluer la législation vers des sanctions plus dissuasives.
Le cadre juridique et l’ampleur des refus d’accès
Malgré une législation claire, les personnes déficientes visuelles continuent de faire face à des obstacles injustifiés dans leur vie quotidienne.

La législation française sur l’accès des chiens guides d’aveugles
Le droit d’accès des chiens guides dans tous les lieux publics est solidement ancré dans le système juridique français, garantissant l’autonomie des personnes déficientes visuelles. Cette protection légale s’est construite peu à peu à travers plusieurs textes fondamentaux.
- Loi n°87-588 du 30 juillet 1987 : premier texte garantissant l’accès des chiens guides dans les lieux ouverts au public
- Loi du 11 février 2005 : renforcement de l’égalité des droits et des chances, dispensant les chiens guides du port de la muselière
- Ordonnance n°2014-1090 du 26 septembre 2014 : extension des droits d’accès aux chiens guides en formation
- Article 225-1 et 225-2 du code pénal : qualification du refus d’accès comme délit de discrimination
Sanctions et conséquences légales pour les établissements contrevenants
Les établissements qui refusent l’accès aux chiens guides s’exposent à des sanctions financières et pénales significatives, reflétant la gravité de cette forme de discrimination. Les personnes physiques risquent une amende allant de 150 à 450 euros (contravention de 3e classe), tandis que les personnes morales peuvent être condamnées à payer jusqu’à 2 250 euros. Un cas marquant jugé par le Tribunal correctionnel de Marseille en 2024 a établi un précédent important, condamnant le gérant d’un magasin pour discrimination après avoir refusé l’entrée à une personne malvoyante accompagnée de son chien guide.
État des lieux 2025 : analyse des 245 cas signalés
L’année 2024 a vu une augmentation préoccupante des signalements de refus d’accès, avec 245 cas documentés contre 167 en 2022, révélant une persistance du problème malgré les campagnes de sensibilisation. La répartition de ces refus montre une concentration dans certains secteurs d’activité, reflétant des problématiques spécifiques à chaque domaine.
--- title: Répartition des refus d'accès par type d'établissement (2024) --- pie "Restaurants et hôtellerie" : 38 "Commerces et magasins" : 27 "Transports" : 18 "Établissements de santé" : 12 "Services publics" : 3 "Lieux culturels" : 2
Les secteurs les plus problématiques : focus sur les établissements de santé
Certains secteurs se distinguent par la fréquence et la nature des refus opposés aux personnes accompagnées de chiens guides, avec des conséquences particulièrement graves dans le domaine de la santé. Les établissements médicaux présentent un paradoxe troublant : censés prendre soin des plus vulnérables, ils figurent pourtant parmi les lieux où les refus sont les plus préjudiciables.
Type d’établissement | Taux de refus | Principales justifications invoquées | Impact sur les personnes concernées |
---|---|---|---|
Établissements de santé | 12% | Hygiène, sécurité des patients | Renoncement aux soins, détresse psychologique |
Restaurants et hôtellerie | 38% | Présence d’autres clients, hygiène | Exclusion sociale, humiliation |
Commerces | 27% | Règlement intérieur, affluence | Limitation d’accès aux biens essentiels |
Transports | 18% | Sécurité, confort des autres usagers | Entrave à la mobilité, isolement |
Services publics | 3% | Procédures administratives | Difficulté d’accès aux droits |
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Actions et recours face au refus d’accès
Face à un refus illégal, la réaction immédiate et l’organisation du recours sont DÉTERMINANTES pour faire respecter vos droits et contribuer à l’évolution des pratiques.
Démarches immédiates à entreprendre lors d’un refus
Lorsqu’une personne déficiente visuelle se voit refuser l’accès à un établissement avec son chien guide, une réaction méthodique augmente largement les chances d’obtenir réparation. La documentation précise de l’incident constitue la base de toute action future, qu’elle soit amiable ou judiciaire.
- Rester calme et rappeler poliment la législation en vigueur
- Demander à parler au responsable de l’établissement
- Noter précisément : date, heure, lieu et identité des personnes impliquées
- Collecter des preuves : photos, enregistrement audio (si légal), coordonnées de témoins
- Demander un écrit justifiant le refus ou filmer/enregistrer la justification verbale
- Informer la personne que son refus est passible d’une amende de 450 €
- Quitter les lieux sans conflit mais en signalant que des suites seront données
- Contacter rapidement une association spécialisée pour obtenir du soutien

Comment porter plainte et saisir le Défenseur des droits
Le dépôt d’une plainte officielle représente une étape formelle qui peut aboutir à des sanctions contre l’établissement contrevenant. 😊 Cette démarche, bien que parfois intimidante, est facilitée par l’accompagnement des associations spécialisées qui maîtrisent les procédures administratives et juridiques.
Étape | Procédure | Documents nécessaires | Délai recommandé |
---|---|---|---|
Dépôt de plainte | Commissariat, gendarmerie ou procureur de la République | Compte-rendu détaillé de l’incident, identité du contrevenant, coordonnées des témoins | Dans les jours suivant l’incident |
Saisine du Défenseur des droits | Formulaire en ligne ou courrier postal | Copie de la plainte, preuves recueillies, récit chronologique des faits | Dans les semaines suivant l’incident |
Médiation | Organisée par le Défenseur des droits | Ensemble du dossier constitué | 2 à 3 mois après la saisine |
Audience au tribunal | Convocation suite à la plainte | Dossier complet, éventuellement témoignages | Variable selon les juridictions |
Initiatives des associations et campagnes de sensibilisation actuelles
Les associations jouent un rôle fondamental dans la lutte contre les discriminations envers les personnes déficientes visuelles et leurs chiens guides, à travers des actions de sensibilisation et de plaidoyer. La Fédération Française des Associations de Chiens guides (FFAC) et l’Association Nationale des Maîtres de chiens guides (ANM) ont lancé en 2024 une pétition nationale visant à renforcer la législation pour faire reconnaître explicitement le refus d’accès comme une discrimination dans le Code pénal. Cette initiative s’accompagne de la campagne « Partout avec mon chien guide » qui sensibilise le grand public et les professionnels à travers des supports pédagogiques et des témoignages vidéo diffusés sur les réseaux sociaux.
Outils pratiques pour faire valoir ses droits
S’équiper des bons outils permet aux personnes déficientes visuelles d’affirmer leurs droits avec assurance et efficacité face aux situations de refus. Ces ressources, développées par les associations spécialisées, offrent un soutien concret dans les moments critiques où l’accès avec un chien guide est contesté.
- Carte d’information légale : document résumant les textes de loi à présenter en cas de refus
- Application mobile de signalement : outil permettant de documenter et signaler instantanément un refus d’accès
- Modèle de lettre de réclamation : template préformaté pour adresser une réclamation formelle
- Guide juridique complet : document détaillant les droits et recours disponibles
- Pictogramme officiel : visuel à montrer ou photographier pour rappeler l’obligation d’accueil
- Numéro d’urgence associations : ligne dédiée pour obtenir un soutien immédiat lors d’un refus
- Kit de sensibilisation pour établissements : ressources éducatives à proposer aux professionnels
- Carte d’identité du chien guide : document officiel attestant du statut du chien